13 Apr

Nouvelles régions françaises : organisation des flux et aires urbaines

Publié par Chroniques Cartographiques  - Catégories :  #Carte de France Administratives, #Carte de France Economie, #Carte de France Actualités

Ce billet est une mise à jour d'un article (du 18 Août dernier) rendu possible à la lumière des nouvelles publications de l'INSEE.

Pour rappel, sur la carte proposée l'été dernier, je m'étais "amusé" à superposer les limites administratives des nouvelles régions avec les principaux flux de mobilité pour un motif travail (les flux supérieurs à 100 personnes uniquement).

Le but de cette carte de France était d'essayer de voir si l'organisation de l'espace économique français correspondait au nouveau calque administratif régional proposé par le gouvernement.

Bien évidemment, loin de tout expliquer, je pensais que ce travail permettait de nous donner quelques arguments pour justifier ou infimer certains choix de limites territoriales.

Ainsi, grâce à la carte ci-dessous, nous mettions en exergue certaines incohérences dans le nouveau maillage territorial.

Flux mobilité nouvelles régions françaises

Flux mobilité nouvelles régions françaises

Rappel des observations des flux de mobilité en région

Nous notions par exemple :

- qu'un Lillois était plus volontiers tourné vers la frontière Belge ou des villes comme Calais ou Dunkerque que vers Amiens (les deux ex-capitales en compétition) car aucun flux supérieur à 100 actifs n'apparaissait sur cette carte.

- qu'un actif strasbourgeois avait plus de chances de se diriger vers l'Allemagne ou Metz que vers Chalons-en-Champagne 

- qu'un rouennais irait plutôt vers Paris que Caen, 

- qu'un bordelais plutôt vers Toulouse que vers Limoges ou Poitiers.

- nous nous interrogions sur les faibles relations entre Toulouse et Montpellier ou Clermont-Ferrand et Lyon.

Finalement, on pouvait se demander si les frontières administratives n'agissaient pas comme des filtres étanches et hermétiques entre les capitales des anciennes régions aujourd'hui unies au sein d'une même entité géographique.

L'éclairage de l'INSEE

Mes observations n'étaient que pures hypothèses, mais aujourd'hui l'INSEE semble confirmer cette grille de lecture en proposant une cartographie des coopérations entre les aires urbaines françaises à partir, là-aussi, des navettes domicile-travail. 

Après avoir repris ces données et rajouté les nouvelles limites des régions françaises, je suis en mesure de vous proposer ce nouvel éclairage.

 

Carte de France des coopérations des aires urbaines

Carte de France des coopérations des aires urbaines

Sur cette carte, nous voyons clairement comment s'organise l'espace français des réseaux et systèmes urbains. Chacun y fera ses propres analyses, mais en résumé, plus une région possède de couleurs différentes, plus les territoires de coopérations entres les villes sont hétérogènes.

Le paradoxe régional breton

Avec cet éclairage de l'INSEE, les régions qui paraissent cohérentes et dont les frontières collent pleinement avec un tissu économique organisé autour d'un réseau urbain puissant sont :

- la région PACA,

- le Centre-Val-de-Loire,

- et paradoxalement les deux seules régions à n'avoir pas fusionné et qui pourtant semblaient être très homogènes sur ce point de vue : la Bretagne et les Pays de la Loire !

Des anciennes capitales régionales réunies sans liens forts entre-elles

Toutes les nouvelles autres régions sont hétérogènes et ont deux, trois ou quatre réseaux d'échanges entre aires urbaines :

- deux réseaux pour les Hauts-de-France (Lille et Paris) et la Normandie (Caen et Paris) où l'on voit clairement qu'Amiens et Rouen sont définitivement tournées vers Paris plutôt que Lille ou Caen.

Idem pour Aquitaine - Poitou-Charentes - Limousin avec deux réseaux d'aires urbaines orientés d'un côté vers Poitiers au Nord et de l'autre Toulouse au sud (y compris pour l'aire urbaine de Bordeaux) ainsi que Rhône-Alpes - Auvergne avec Clermont-Ferrand et Lyon, deux réseaux distincts sans vrais échanges.

- Trois réseaux pour Midi-Pyrénées - Languedoc-Roussillon avec les deux grands espaces de coopération que sont Toulouse et Marseille puis un petit espace autour de Perpignan, certainement plutôt orienté vers l'espagne.

- Quatre réseaux pour les deux grandes régions à l'Est avec Paris, Charleville-Mézières, Nancy et Strasbourg pour la seule région Grand-Est (anciennement Alsace - Lorraine - Champagne-Ardenne).

Idem dans une moindre mesure pour Borgogne - Franche Comté avec Dijon, Strasbourg, Clermont-Ferrand et Paris.

De nouvelles régions administratives sans cohérence économique

Certes, les navettes quotidiennes des actifs formant des réseaux d'échanges entre aires urbaines ne peuvent expliquer à elles-seules l'organisation économique d'une région, mais elles donnent quand même une bonne indication sur la réalité perçue et le quotidien des échanges entre les villes.

La cohérence économique de ces nouvelles régions peut-être discutée car on le voit bien, certaines aires urbaines ont des liens économiques parfois bien plus forts avec des régions limitrophes qu'avec celles à laquelle elles appartiennent.

Ainsi, nous pouvons déplorer que les réorganisations récentes de régions françaises ne reposent que sur des principes politiques ou historiques, mais certainement pas sur des principes économiques et géographiques concrets. 

Nous le regretterons car il y avait là l'opportunité de créer de vraies régions homogènes correspondant aux réalités économiques. Charge aujourd'hui à ces nouvelles entités administratives de mettre en place de vraies politiques publiques permettant de créer ces liens économiques qui font défaut au sein de régions où les aires urbaines sont davantage tournées vers les régions voisines.

Panorama détaillé des 7 nouvelles régions françaises

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